avec un brin de chance
et l’écume d’un jour d’orage
je vous écris quelques lignes tremblantes
sur une pétale de tulipe
avec un aiguillon d’hyménoptère
et la salive d’une veuve
je vous écris ma dernière missive
sur une écorce de platane
avec une plume liliputienne
et le sang d’une taupe je vous écris mes
souvenirs de déserteur sur
la coquille d’un œuf de caille
avec le pinceau du silence et le bleu du
ciel je vous écris l’histoire de mes
fugues sur l’aile d’une libellule
avec une allumette et l’encre des tenèbres
je vous écris le fond de ma pensée
sur un caillou blanc parfaitement lisse
avec un cure-pipe et le venin du verbe
je vous écris ce que je vois
sur les paupières
de l’invisible
avec une tigelle d’or et la semence
d’un bouc mythologique
je vous écris ma vie sur un ticket de bus
avec le bout de mon index
et l’urine d’une vestale
les yeux fermés je vous écris ma mort
sur la queue d’un iguana
avec un spray de peinture incolore
la nuit dans les sous-sols j’invente des
écritures je vous écris sur tous les murs
où que je sois je vous signale ma présence
I write you
translated from French by Victor Pambuccian
with a touch of luck
and the froth of a stormy day
I write you a few trembling lines
on the petal of a tulip
with the stinger of some hymenopteran
and the spittle of a widow
I write you this last missive
on the bark of a plane tree
with a Lilliputian feather
and the blood of a mole I write you the
memoirs of a deserter on
the shell of a quail egg
with the paintbrush of silence and the blue
of the sky I write you the story of my
fugues on the wing of a dragonfly
with a matchstick and the ink of darkness
I write you the bottom of my thought
on a perfectly smooth white pebble
with a pipe cleaner and the verb’s poison
I write you what I see
on the eyelids
of the invisible
with a golden seedling stem and the seed
of a mythological male goat
I write you my life on a bus ticket
with the tip of my index finger
and the urine of a Vestal virgin
eyes closed I write you my death
on the tail of an iguana
with a spray can of colorless paint
at night in basements I invent
writing systems I write you on all walls
wherever I happen to be I give you a sign of my presence
This poem appeared in VESTIGES