Showing posts with label Hrand Nazariantz. Show all posts
Showing posts with label Hrand Nazariantz. Show all posts

Tuesday, December 29, 2015

Monday, December 28, 2015

A video treat for Christmas, enjoy!


Hrand Nazariantz, "Tre Poemi". Poeta bilingue armeno. Tre poemi tradusse dall'armeno. C. Giardini1924



Hrand Nazariantz, armeno di Costantinopoli, intellettuale di spicco della sua comunità, fugge dalla sua città, dal suo sobborgo di Uskudar costellato di moschee ma anche di chiese e sbarca a Bari sospintovi dalla Storia come un battello senza vela dal moto delle onde. È il 1913. La temperie che lo porta a queste rive è drammatica, ed è una persecuzione a un tempo etnica e politica. Del suo popolo non è il solo che fugge e non è il primo. L’esodo degli armeni dall’Impero Ottomano è cominciato dalla fine del secolo precedente, in un doloroso e costante stillicidio e riguarda soprattutto intellettuali come lui e la classe abbiente della comunità armena in Turchia. Per l’esule, Bari, per quanto piccola e marginale, diventa l’unica possibile “altra” Istambul-Costantinopoli, dentro una tensione al ritorno durata tutta la vita. E qui, oggi, riposa: nella Necro- poli di Bari, in un loculo anonimo che reca solo nome, data di nascita e morte, e la definizione di “Poeta”.

Nell`introduzione "Noi siamo armeni" del poeta sovietico armeno Paruyr Sevak. (for the Armenian original, please click here)


recitati da Lia Careddu e Marco Spiga con Irma Toudjian al pianoforte 
Mercoledì 17 ottobre 2012, ore 21 Minimax, via De Magistris 12 , Cagliari

Seconda parte
recitati da Lia Careddu e Marco Spiga con Irma Toudjian al pianoforte 

Thursday, July 31, 2014

Literary Quote for July 2014

Գերեզմանի մը քարին պէս ծանր ու թաց,

Զարնըւելով մեր ուսերուն յոգնաբեռ,
Իրիկունը կթաւալէր յամրընթաց…
Հրանդ Նազարեանց (1877 – 1962) «Անկարելի սէր»

Friday, September 14, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Լացող աչքերդ

Ես կը սիրեմ աչքերդ աղւոր,
Երբոր անոնց մէջ թաքթաքուր
Արցունքներ կան ջինջ, սըգաւոր,
Ա՜հ, միշտ լալով ինծի՛ եկուր։

Թարթիչներուդ շուքին տակէն
Փոքր արցունքներ աներեւոյթ
Բիբիդ լոյսը կը պրիսմակեն.
Զիս կը սպաննե՜ն աչքերդ կապոյտ։

Ա՜հ, այս ոսին սիրտիս վըրայ
Ուղղէ՛ քուկին աչքերդ աղւոր,
Ուր արցունքին ցօղը կ՛իջնայ
Մըխիթարիչ ու սգաւոր…

This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 

Your Weeping Eyes

I love your alluring eyes,
When in them, hidden, there are
Tears -- pristine, mourning…
Oh, come to me always crying.

Beneath the shade of your lashes
The prism of invisible tiny tears
Unfolds the light of your pupils…
They slay me – your blue eyes.

Oh, direct your dazzling gaze
At my dissolving trivial heart,
Where the dew of your soothing
Tears descends in mourning…


…………Hrand Nazariantz Translated by Tatul Sonentz

Monday, September 10, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Ցայգերգ

Ձըմեռ գիշեր։ Կ՛ունկընդրեմ
Վայրագ հովի մըռունչին.
Յորձանքներով թափառիկ
Ճերմակ ձիւներն կը թռչին։

Մեռելութի՜ւն ամէն տեղ,
Անհուն պատանք մը ձիւնի.
Այդ պատանքէն վաղը նոր
Պիտի գարո՜ւնը ծընի։

Հոգիիս մէջ տխրամած՝
Ձիւն կը տեղայ ցընորուն,
Այլ այդ ձիւնէն վերջ, բաբէ՜,
Ո՛չ ծաղիկ կայ, ո՛չ գարուն։



This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 

Sunday, September 09, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Վարդերուն Մահը

Լուռ գիրքերուս էջերուն մէջ,
Մինաւորիկ, սիրական,
Իրենց բոյրովը թարշամած
Վարդի գողտրիկ թերթեր կան։

Սիրոյ քանի՜ վարդ, ո՛վ աղջիկ,
Քեզ ձօնեցին, ցանուցի՜ր,
Մոռացութեան մըթին գրքին
Մէջ ամէ՛նքն ալ ցանեցիր։

Ծարաւահի՜ւծ վարդերն, անգո՛ւթ,
Դիտէ՛ երբեմն գոնէ,
Անոնք մեռան՝ պաղատելով
Փոքրիկ համբոյր մը քենէ…

This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 


Saturday, September 08, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Խաչուած Երազներ

Մենք կ՛որոտանք՝ դուք գետնաքարշ կը հեծէք,
Մենք լոյս կ՛ըմպենք՝ դուք խաւարը կ՛որոճաք,
Մենք բոցեղէն Հարցական սէգ նըշանն ենք՝
Դուք՝ կաղ ու բութ կախման կէտերը դատարկ...

Տաժանագին գալարո՛ւմն ենք մենք Կամքին
Ու Դնդերին դատաստանն ենք մենք արդար.
Դուք՝ ջիղերու գինովութիւնն ախտավար,
Դիակներու տարրալուծումը լըռին...

Մըտածումի քանդող ժայթքո՛ւմն ենք ուժգին,
Դուք՝ քարացած Յափշտակումը անհեւ.
Արկածալից զառիվե՜րն ենք դժուարին,
Իսկ դուք՝ վարը ճահիճներու տիղմը սեւ...

Յառաջապահ մենք այն գունդն ենք կամաւոր
Որ առաջին բախումին դէմ կը սուրայ,
Վըտանգաւոր ոստումներով ահաւոր,
Ատելութեամբ ու վըրէժով բեռնաւոր...

This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 

Աստեղահեւ Մենութիւն, Ընտրանի, տպուած Երեւան 2008, Փրինթինֆո




Friday, September 07, 2012

Hrand Nazariantz

Hrand Nazariantz fut un célèbre poète arménien, qui mourut en exil dans notre ville en 1962. Je vais m’employer à dresser le profil de sa biographie.

Il naquit le 8 janvier 1886 à Iskudar, près d’Istanbul, dans une famille aisée, connue dans la production de tapis et dentelles. Dans la capitale turque, il fréquenta le Collège Berbérian, puis il se rendit en 1902 à Londres afin de compléter ses études supérieures et enfin, en 1905, à Paris, où il s’inscrivit à la Sorbonne. Le mauvais état de santé de son père le contraignit cependant à rentrer en 1907 en Turquie, afin d’assumer la direction de l’entreprise familiale. Dans son ardeur au travail, il commença à joindre une intense activité de publiciste et d’écrivain. En 1908 il participa à la fondation et à la direction du quotidien Surhant’ag (Le Courrier) ; en 1909, il lança, en collaboration avec Karekine Gozikian, une des figures majeures du parti social-démocrate arménien, l’hebdomadaire politique et littéraire Nor Hosank [Courant nouveau], et il fonda avec le romancier Roupen Zartarian et le dramaturge Léon Serpossian la revue d’art polémique Baguine [Le Temple]. A partir de 1911, il commença à entretenir des relations épistolaires avec Marinetti, Lucini, Altomare et il s’employa, à travers des essais et des traductions en langue arménienne, à faire connaître leur œuvre poétique, ainsi que celle de Govoni et Cardile, dans le cadre d’un projet plus vaste pour diffuser et faire connaître la littérature italienne. Il publia en 1912 à Istanbul un important essai sur Marinetti et le futurisme. La même année, il édita une série de recueils poétiques qui l’imposèrent comme une figure de proue du symbolisme dans la poésie arménienne (Les Rêves crucifiés ; Les Solitudes étoilées ; Vahakn ; Le Miroir). Suivirent en 1913 Aurore, âme de beauté, Gloria victis [Gloire aux vaincus], La Couronne d’épines et Le grand Chant de la Tragédie cosmique, que l’on peut considérer comme son chef-d’œuvre. Durant ces années, Nazariantz s’employa à obtenir le soutien des intellectuels européens pour la cause arménienne, en trouvant plusieurs en Italie.

Condamné à mort par contumace par un tribunal ottoman en 1913, il trouva refuge au Consulat d’Italie, épousa la danseuse Maddalena De Cosmis, originaire de Casamassima (Bari), puis s’enfuit en exil à Bari. Arrivé dans notre pays, il entretint des liens étroits avec les représentants de la diaspora arménienne, ainsi qu’avec les protagonistes des cultures italienne, française et anglaise, se rendant aussi à l’étranger pour ses recherches. Ses relations amicales avec G.P. Lucini et E. Cardile furent particulièrement denses. En 1915 il collabora à la revue bolognaise Il Ritmo [Le Rythme] et les éditions Laterza publièrent, comme premier volume de leur collection « Connaissance idéale de l’Arménie », son essai sur le poète arménien Bedros Turian.

Après avoir publié aux éditions Humanitas de Piero Delfino Pesce la traduction italienne, par Cardile, de ses Rêves crucifiés (1916), de son recueil Vahakn et de son court poème dialogué, Le Miroir (1920), il vécut une période difficile, perdant, au bout de sept ans, son poste de professeur d’anglais, à cause des lois fascistes qui interdisaient aux étrangers d’enseigner dans les écoles publiques.

Il collabora à la revue La Tempera [Caractère] de Renato Fondi, revue à laquelle il se consacra de manière assidue et durable. Puis, Nazariantz entra en contact avec quelques revues siciliennes d’avant-garde qui recueillirent ses contributions : La Scalata [L’Escalade] (1917), La Vampa Letteraria [La Flamme des lettres] (1917) et La Spirale [La Spirale], où fut publié en 1919 un extrait du poème Le Miroir.

Entre-temps, à Bari, il se lia d’amitié avec Franco Casavola et s’employa à promouvoir son œuvre musicale. Tous deux travaillèrent de concert afin d’organiser , avec l’aide de Giuseppe Laterza, Giacomo Favia, Tina Suglia et d’autres, une soirée futuriste au Théâtre Piccinni, le 26 septembre 1922. Quelques mois ensuite, le 2 janvier 1923, le programme de la soirée futuriste au Théâtre Margherita de Bari inclut l’« action de mime dramatique » intitulée Le Miroir, sur des musiques de Casavola, inspirées du poème de Nazariantz. En 1924, les éditions Alpes de Milan publièrent, dans la traduction de Cesare Giardini, qui figurait aussi en tant qu’éditeur, le recueil Trois Poèmes, qui comprenaient Le Paradis des ombres, Aurore, âme de beauté et Nazyadé, fleur de Saadi.

Il s’employa à soutenir la cause arménienne et c’est à lui que l’on doit la fondation en 1924, à Bari, du village d’exilés Nor Arax, qui se maintiendra grâce à la production de tapis et de dentelles.

Après 1943, il collabora à Radio Libre Bari, organisant des débats littéraires, et fonda la revue Graal, où parurent des œuvres d’Ungaretti et Ada Negri. En 1946 fut publiée la traduction italienne de son Grand Chant de la Tragédie cosmique. En 1951 il fit imprimer son Manifeste du Graal, dans lequel il confiait au primat de l’art absolu la solution du rapport de l’intellectuel avec la société. En 1952 il publia son ultime recueil de poésies lyriques, Le Retour des poètes.

Il connut à nouveau des vicissitudes matérielles, qui l’accompagnèrent jusqu’à sa mort, bien qu’il ait frôlé le Prix Nobel de littérature en 1953 pour son poème Le grand Chant de la Tragédie cosmique. A la fin des années 50, il fut admis dans un hospice à Conversano, vivant entouré de l’affection de l’estime de quelques jeunes amis.

L’écrivain Vito Maurogiovanni, de Bari, lui consacre ces lignes : « Hrand Nazariantz vécut longtemps, toujours pauvre, hôte de ses amis, tantôt dans telle demeure, tantôt dans telle autre, jusque dans des familles de la province de Bari. Un jour, le commissaire aux Douanes, Vittorio Laurora, un mètre quatre-vingt-dix, à la voix de stentor, au grand visage taillé à coups de serpe, un Vaudois profondément engagé en faveur des plus humbles sur cette Terre, lui offrit un manteau. Le poète arménien Hrand Nazariantz, pauvre devant l’Eternel jusqu’à la fin de ses jours, méritait bien cette attention et ses manteaux. A un âge avancé, le poète accepta de devenir citoyen italien. Il y eut une courte cérémonie à la Préfecture. Nazariantz s’adressa ainsi à Son Excellence M. le Préfet d’alors : « Monsieur le Préfet, j’exprime toute ma gratitude à l’Italie pour l’honneur qu’elle m’a fait, mais je suis aussi triste, car, en un jour comme celui-ci, il me faut bien reconnaître – et je le fais très humblement – que je n’ai pas le moindre sou en poche. Je suis certainement le plus pauvre des citoyens italiens. Aussi boirons-nous de l’eau à ma santé ! »

Il mourut à Bari en 1962 dans le plus grand silence et fut enterré dans notre ville. Il avait toutefois laissé à Conversano le peu de choses qu’il possédait : des livres, des manuscrits, sa correspondance. Après quelques années, la Mairie de Bari voulut honorer la mémoire de ce grand homme et de ce poète en donnant son nom à une rue. Lors du 25e anniversaire de sa mort, Pasquale Sorrenti, qui fut son ami intime, publia un essai intitulé Nazariantz (éditions Levante, 1987), témoignage précieux, grâce aux personnes qui le connurent et l’estimaient à Bari, sur la vie et l’œuvre de ce grand Arménien, oublié pourtant. C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai constaté, en consultant les catalogues électroniques, que ni la Bibliothèque nationale Sagarriga Visconti Volpi, ni le réseau des bibliothèques de l’Université de Bari ne possèdent un exemplaire d’une œuvre de Nazariantz.

En conclusion, j’aimerais citer à nouveau un passage significatif et émouvant du même Maurogiovanni : « Un soir, parlant de Nazariantz à la librairie Palomar, nous lûmes un extrait de Pasquale Sorrenti, dans lequel il était noté ceci : « […] En parlant avec l’Arménien Diran Timurian, un des hommes du village qui avait fait carrière, j’ai appris que les restes de Hrand ne furent pas jetés dans la fosse commune, mais qu’ils se trouvent dans une tombe que connaît ce Timurian. Maintenant, Timurian est mort […] » Ce soir-là, dans cette librairie, se trouvait Rupen Timurian, le fils de Diran. Il se leva, les larmes aux yeux, il ne pouvait parler ; il parvint à nous dire que Hrand Nazariantz avait été accueilli au sein de leur caveau familial. »

Hrand Nazariantz, poète cosmique, fut sans aucun doute un homme des frontières, exilé sur cette terre de frontière et d’accueil que sont les Pouilles. Sa recherche poétique se déploie selon des concepts théoriques assez complexes : partant du symbolisme français de type hermétique, rosecrucien et occultiste, il tenta d’opérer une synthèse et une médiation vers des formes particulières d’idéalisme. Il espérait la renaissance, sous la forme d’une palingénésie, de l’homme, alors capable de porter ses regards à l’intérieur, mais aussi hors du réel, jusqu’aux horizons irrationnels de l’utopie.

Le poète sicilien Cardile a écrit à son propos : « Nazariantz est un Homme d’une énergie inépuisable, d’une constance exceptionnelle, d’un enthousiasme prodigieux, fascinant par sa modestie résolue. Son enthousiasme est communicatif, sa passion vous envahit, si vous le connaissez vous ne pouvez que l’aimer, si vous l’aimez vous vous sentez prêt à en partager tous les risques et à vous consacrer à sa Cause. » (la cause de l’Arménie libre). Voici ce qu’écrivait Daniel Varoujan, grand poète arménien, sur son compatriote : « Nazariantz a composé des poèmes dont la splendeur profonde peut se comparer à ceux du poète français Stéphane Mallarmé. Son âme possède une exceptionnelle affinité avec celle du Prince de nos poètes. Une âme toujours tendue vers cette ivresse inconnue et indéfinie qui se laisse à peine entrevoir au travers des aspirations humaines. Ses images sont d’une profondeur suggestive. Nazariantz est un poète de lumière. »

Hrand Nazariantz: La Légende des Papillons


A Meroujan Barsamian, fraternellement.



Je te confesse, ô passant, comme un songe,

comme un songe de gloire
que pour la joie des vivants
et pour la paix des morts, un soir,
un soir insondable en son extrême tristesse
une éclosion blanche de papillons
obéissant à une sentence antique
mysticisant les cieux par leur chasteté
descendra dans un instant éternel
tendrement, tendrement,
sur la triste histoire de notre terre...


comme un songe de gloire pour les morts et les vivants...



Les papillons

comme un nuage immaculé d'encens
ruisselant, à l'âme multiple et opulente
sur les rouges crépuscules
et les horizons flottant
comme une bénédiction
et chaque papillon aura sous ses ailes
une extase de paix rythmée en oubli radieux
pour notre vielle planète d'où s'élèvera soudain
le très final solo
d'un sanglot voluptueusement humain
de désir, dissolvant,
déchirant,
suprême...


L'harmonie heureuse des papillons

sur le deuil des eaux mortes
et les rives abandonées
étendra le vélum d'un voile virginal
et l'esclavage séculaire de la terre
sera délivré des sphères tyranniques
et de l'horizon inutile
quand descendront en faisceaux lumineux,
les papillons, les papillons,


comme un songe de gloire pour les morts et les vivants...



Ce sera un soir lunaire

une éclosion blanche de papillons
ensoleillant l'Inespoir universel
par leur candeur
couvrant les Maux, les Horreurs et les Hideurs,
dans une suave magie aurorale,
blanche, très blanche,
plus pur que la neige,
plus pur que l'âme angélique,
la blanche pluie des papillons
pour la joie des vivants et pour la paix des morts
sur tous les chemins de l'Orient
à l'âme ulcérée,
la blanche pluie des papillons --
poème d'innocence, --
descendra des lointains purs et idylliques
d'une grande illusion des yeux,
des yeux qui trop révèrent l'Amour,
des yeux qui trop révèrent la Pureté,
des yeux qui trop aimèrent le Rêve
et l'Astre de la Folie ...


Et dans la révélation aurorale des papillons

il sera du silence pur d'un divin éblouissement
effleuré des ailes,
des ailes mystérieuses,
et la vieille Humanité dans cette candide Noël
aura l'impossible illusion de renaître
en une Ile Heureuse voguant dans l'immense
océan éternel de l'Infini
aux souffles mélodiques d'une exquise indolence
et tout sera blanc, combien blanc
sous la neige des papillons ...


Et par un soir semblable,

un soir d'amour, un soir séraphique,
comme un songe de gloire
partiront
les Pèlerins d'Orient
chargés de délices d'un Rêve élyséen,
les Ombrageux vêtus d'espoir,
les Découragés vêtus de lumière,
les Amers chargés de miel et de grenats,
les Pèlerins d'Orient escortés de Muses et de papillons,
traversant les pays éphémères de Sommeil et de Mort,
et les peuples vains
pour combler un voeu de merveille
devinant les chemins fleuris de sauge et de thym,
les grands chemins qui n'ont pas de mystères
quand on sait écouter
la voix infaillible des grands destins...


Et une nuit de passion -- 

minuit --
fiévreux, ils entreront dans les Villes sacrées
où chaque asile offre son idéale idylle,
dans les Villes Blanches
aux vaporeux contours,
souriant dans les ombres brodées d'étoiles,
à la joie des Morts,
sous la neige
blanche,
blanche
des papillons, des papillons,


comme un songe de gloire...


Hrand Nazariantz
(1886-1962)


This poem appeared in the 1927 edition of Poésie, Cahiers Mensuels Illustrés, Tome V, published in Paris.



The Legend of the Butterflies
To Merouzhan Barsamian, fraternally
 
I confess to you -- O traveler -- like a dream,
 
like a dream of glory,
that for the bliss of the living
and the peace of the dead, one evening,
an unfathomable evening, in its extreme sadness,
an outbreak of white butterflies,
obeying an ancient decree,
mystifying the heavens by their chastity,
shall descend in an instant of eternity,
tenderly, tenderly,
on our earth’s sad story…
 
like a dream of glory for the quick and the dead...
 
The butterflies,
 
like an immaculate cloud of shimmering incense
with a manifold and opulent essence,
cover the crimson twilights
and the floating horizons
like a benediction…
and each butterfly shall have under its wings an ecstasy of peace
in synch with a glaring absence of recall of our ancient planet
whence, out of the blue, shall rise
the ultimate solo
of a voluptuously human sob
of desire – dissolving,
rending,
supreme...
 
The merry harmony of butterflies,
 
on the wake of defunct waters
and abandoned banks,
shall spread the canopy of a virginal veil
and the secular slavery of the earth
shall be delivered from the tyrannical spheres
and the hopeless horizons
when in luminous swarms descend
the butterflies, the butterflies,
 
like a dream of glory for the quick and the dead…
 
It shall be a lunar evening,
 
A white dawn of butterflies
spreading sunlight by their candor
on the universal lack of hope,
covering all Pain, all Horrors and Hideousness,
in a suave, sunrise magic,
white, very white,
purer than snow,
purer than the angelic soul,
the white rain of butterflies,
 
for the joy of the living and the peace of the dead,
 
on all the ulcerated pathways
of the Oriental soul,
the white rain of the butterflies --
poem of innocence --
shall descend pure and idyllic vistas
of a great ocular illusion
of eyes that dreamed too much of Love,
eyes that dreamed too much of Purity,
eyes that loved too well the Dream
and the Star of Folly…
 
And in the daybreak revelation of the butterflies
 
will prevail pure silence of a divine brilliance
stroked by wings,
mysterious wings,
and in this candid Yuletide, old Humanity
shall have the impossible illusion of rebirth
on a Happy Island, sailing on the immense,
eternal ocean of Infinity
by the melodic breath of an  exquisite indolence,
and all shall be white, so white,
beneath the snow of butterflies…
 
And on a similar evening,
 
an evening of love, a Seraphic evening,
like a dream of glory
shall depart
the Pilgrims of the Orient
loaded with the delights of an Elysian Dream,
the Offended dressed in hope,
the Discouraged dressed in light,
the Bitter loaded with honey and pomegranate,
the Pilgrims of the Orient,  escorted by Muses
and butterflies,
cross the ephemeral lands of Sleep and Death,
and vain people
to fulfill a wish of marvel
guessing roads overgrown with sage and thyme,
the wide roads that hold no mystery
when one knows how to hearken
the infallible voice of great destinies…
 
And a night of passion -- 
 
midnight --
feverish, they shall enter the sacred Cities
where each haven offers its own ideal romance,
in the White Cities
with their misty contours,
smiling in star-spangled shadows,
to the delight of the Dead,
under the snow
white,
white
of butterflies, butterflies,
 
like a dream of glory…


                                                                 ……………………Hrand Nazariantz (1886-1962)
                                                                  Translated by Tatul Sonentz