Martin Melkonian: La réponse d’un arbre
Un brin d’herbe sur la terre.
Une tulipe qui se forme et s’ouvre.
Un arbre fleurissant.
Tel est le buddleia qui s’épanouit en une sorte de lilas mauve à cent branches. Il dessine dans l’air des pleins et des déliés que compliquent calligraphiquement des papillons de différentes variétés qui viennent y chercher le pollen de l’ivresse.
Le buddleia aux cent branches se trouve dans mon jardin.
Il a commencé à naître à l’image d’« une mauvaise herbe » (termes qu’employa un paysagiste qui projetait de déraciner un représentant de cette espèce importée du Tibet à la veille de la guerre de 1870). Je l’ai vu croître. C’est maintenant un adulte que le soleil, par beau temps, écrase et qui a suffisamment d’ampleur pour dispenser de l’ombre. Le vent lui a sectionné deux branches tutrices. Il s’est érigé par surcroît.
Il m’arrive d’interroger cet arbre qui, issu d’une diaspore, est devenu le symbole de l’accueil (« les papillons ») et de la réconciliation (l’« implant »).
Extrait d’un texte paru en septembre 1993 dans le magazine Les Nouvelles d’Arménie : « Dans la profondeur arménienne ».