Gérard Hékimian: PAYSAGE 3
…la mer est la sueur de la terre _
(Empédocle d'Agrigente) _
Bleue, la nue est lavée, violettes sont les vagues,
Mais l'orange solaire est sanguine.
Elle prie A genoux sur les flots grisés qu'elle incendie
Quand Collioure s'étire, et rêveuse extravague.
Chair à peinture et bel oubli comme une bague
Perdue-promise, elle attend le pur hallali
De midi seul. La guerre grosse de midi
Tuera ombre et couleur par aveuglante dague.
Royal un château gît et l'église est son chai.
De port claquant que Matisse et Derain hantaient
Se perpétue, image inerte qu'on célèbre.
Beaux corps, épaves là contre un quai sans issue,
Les catalanes sont au naufrage une algèbre
Comme la mer grosse de nuit : Collioure sue.
, Paris 2001