Sunday, September 30, 2012

Quote of the month


ՕՐՈՒԱՆ ՄՏԱԾՈՒՄԸ.- Երբ անոյշ մեղետի մը կ՝ունկնդրեմ, կը սիրեմ ցած ձայնով լսել որպէսզի այդ երառժշտութիւնը միախառնուի ներաշխարհիս խորքէն եկած եղանակներուն: Նոյն ձեւով որ իմ սիրուհիս կիսամութին կը սիրեմ փայփայել եւ զայն տեսնել թեթեւ շղարշով ու կաթիլ մը քաղցրահոտութեամբ քօղարկուած: Մնացեալը երեւակայութիւնը լուսաւորէ եւ ներշնչանքին ճամբայ բանայ:

Յակոբ Ճէլալեան

Tuesday, September 25, 2012

ՏԱՂ (XV դարի հայկական բանաստեղծութիւն)

–Ծաղկեցաւ ծառն կենաց
Եւ աննման էր.
Լուսեղէն պտուղ եբէր
Եւ աննման էր.
Ճղերն ամէն արքայական
Եւ աննման էր.
Տերևն ամէն արփիափայլ
Եւ աննման էր.
Գարնանային հոտն որ ելաւ
Եւ աննման էր.
Անմահութեան աղբիւր բխեալ
Եւ աննման էր.
Դաշտերդ ամէն ծաղկով ի լի
Եւ աննման էր.
Լերունքդ ամէն վարդ փթթեալ
Եւ աննման էր.

*

–Ծաղկեցաւ ծառն կենաց՝
Աստուծածինն էր.
Լուսեղէն պտուղ եբէր՝
Իւր միածինն էր.
Ճղերն ամէն արքայական՝
Սուրբ առաքեալքն էր.
Տերևն ամէն արփիափայլ՝
Սուրբ մարգարէքն էր.
Գարնանային հոտն որ ելաւ՝
Իւր սուրբ ծնունդն էր.
Անմահութեան աղբիւր բխեալ՝
Մկրտութիւնն էր.
Դաշտերդ ամէն ծաղկով ի լի՝
Սուրբ մարտիրոսքն էր.
Լերունքդ ամէն վարդ փթթեալ՝
Էն սուրբ կուսանքն էր:

Monday, September 24, 2012

Յարվարդ: AURORA BOREALIS

Էսքիմուհին անապատի աւազ կերազէ
Գալահարիի սեւամորթն ալ Հիւսիսային բեւեռ

Կեանքը կը դադրի նպատակ ըլլալէ
Կեանքը կը դադրի նպատակ ըլլալէ

Երբ Էսքիմուհին Գալահարի անապատը այցելէ
Սեւամորթն ալ բեւեռի գիշերափայլքը տեսնէ

Հալէպ 16.6.97

Saturday, September 22, 2012

Banned Books Week: Celebrating the Freedom to Read

September 30−October 6, 2012

Banned Books Week is an annual event celebrating the freedom to read and the importance of preserving intellectual discourse. 

Held during the last week of September, Banned Books Week highlights the benefits of free and open access to information while drawing attention to the harms of censorship by spotlighting actual or attempted bannings of books across the United States.

During this week, hundreds of libraries and bookstores around the country will draw attention to the problem of censorship by mounting displays of challenged books and hosting a variety of events.

The Armenian Poetry Project believes that adults should decide what they wish to read. Their neighbors or governments should not make that decision.

Support freedom of thought

Support literacy and education 
Support peace.


Lola Koundakjian
Producer and curator of the Armenian Poetry Project.


Monday, September 17, 2012

Méroujan Barsamian: Le Mort étrange


Tu m'as dit: -- "J'ai peur des morts, 
Je ne saurais m'approcher
Même du corps glacé de mon aimé...
La mort m'inspire de l'horreur", m'as-tu dis, toute émue!

O ma triste follie! que tu aies peur de mon cadavre!..
Non, j'en suis certain, quand mon âme aura pris ses ailes,
Affolée, tu te jetteras sur mon corps, 
Ne croyant point que je fusse mort en effet.

Pour toi, du moins, je ne serai pas mort.
Et quand tu baiseras de tes lèvres les miennes,
Tu t'apercevras qu'elles sont encore chaudes, et sur ton corps
Courra le frisson de mon baiser.

Quand mes yeux se videront de mes regards,
Tu les sentiras fixés sur toi;
Quand ils cesseront de voir, douloureusement
lls seront quand même attachés sur toi.

Même si je reste muet à tes questions,
N'aie pas peur de mon silence mortel,
Car j'entendrai ta voix à toute heure;
Mais je préférerai na pas parler!..


Ce poème a paru dans Poésie, Cahiers Mensuels Illustrés, Tome V, Paris, 1927.

Méroujan Barsamian est né en 1883 à Akn (Turquie), décèdé en 1944 en France où il vivait depuis 1922. Il était romancier, poète, et fondateur des "Cahiers de France". Ces oeuvres ont paru dans Poésies, La Muse Française. Il est l'auteur de plusieurs livres dont : Elle et moi, 1922; Les poètes dans l'arche de Noé (anthologie), 1933; Le Feu assouvi, poèmes, 1928; Pierreries, Poèmes, 1939 

Il est le frère de l'auteur Meguerditch Barsamian (1886-1965)

Sunday, September 16, 2012

Mikael S. Gurdjian: La Mort Mystique

S'évanoui de jour l'espoir d'azur et d'or...
Le soir s'aggrave, hélas! comme un mal incurable
Et très mystérieux... En lente et douce Mort,
L'universelle Nuit monte, incommensurable...

O mon âme, voici venir sans bruit
L'heure de lentement mourir avec les choses
Exhalant en secret dans l'unanime Nuit,
Leur âme de lumière et de métamorphose...

En toi s'apaise enfin le rythme frémissant
Des diurnes émois de la Vie et du Songe.
Pendant qu'occulte et grave, au fond de toi descend
La paix de cette mort qui dure et se prolonge...

Le Temps s'immobilise en une heure infinie,
Plane la solitude immense du néant...
Tu ne vis plus, mon âme, et tu goûtes, ravie,
L'universel bonheur d'être éternellement.

Mikael S. Gurdjian
(1897-1965)



This poem appeared in the 1927 edition of Poésie, Cahiers Mensuels Illustrés, Tome V, published in Paris.

Friday, September 14, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Լացող աչքերդ

Ես կը սիրեմ աչքերդ աղւոր,
Երբոր անոնց մէջ թաքթաքուր
Արցունքներ կան ջինջ, սըգաւոր,
Ա՜հ, միշտ լալով ինծի՛ եկուր։

Թարթիչներուդ շուքին տակէն
Փոքր արցունքներ աներեւոյթ
Բիբիդ լոյսը կը պրիսմակեն.
Զիս կը սպաննե՜ն աչքերդ կապոյտ։

Ա՜հ, այս ոսին սիրտիս վըրայ
Ուղղէ՛ քուկին աչքերդ աղւոր,
Ուր արցունքին ցօղը կ՛իջնայ
Մըխիթարիչ ու սգաւոր…

This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 

Your Weeping Eyes

I love your alluring eyes,
When in them, hidden, there are
Tears -- pristine, mourning…
Oh, come to me always crying.

Beneath the shade of your lashes
The prism of invisible tiny tears
Unfolds the light of your pupils…
They slay me – your blue eyes.

Oh, direct your dazzling gaze
At my dissolving trivial heart,
Where the dew of your soothing
Tears descends in mourning…


…………Hrand Nazariantz Translated by Tatul Sonentz

Monday, September 10, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Ցայգերգ

Ձըմեռ գիշեր։ Կ՛ունկընդրեմ
Վայրագ հովի մըռունչին.
Յորձանքներով թափառիկ
Ճերմակ ձիւներն կը թռչին։

Մեռելութի՜ւն ամէն տեղ,
Անհուն պատանք մը ձիւնի.
Այդ պատանքէն վաղը նոր
Պիտի գարո՜ւնը ծընի։

Հոգիիս մէջ տխրամած՝
Ձիւն կը տեղայ ցընորուն,
Այլ այդ ձիւնէն վերջ, բաբէ՜,
Ո՛չ ծաղիկ կայ, ո՛չ գարուն։



This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 

Sunday, September 09, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Վարդերուն Մահը

Լուռ գիրքերուս էջերուն մէջ,
Մինաւորիկ, սիրական,
Իրենց բոյրովը թարշամած
Վարդի գողտրիկ թերթեր կան։

Սիրոյ քանի՜ վարդ, ո՛վ աղջիկ,
Քեզ ձօնեցին, ցանուցի՜ր,
Մոռացութեան մըթին գրքին
Մէջ ամէ՛նքն ալ ցանեցիր։

Ծարաւահի՜ւծ վարդերն, անգո՛ւթ,
Դիտէ՛ երբեմն գոնէ,
Անոնք մեռան՝ պաղատելով
Փոքրիկ համբոյր մը քենէ…

This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 


Saturday, September 08, 2012

Հրանդ Նազարեանց: Խաչուած Երազներ

Մենք կ՛որոտանք՝ դուք գետնաքարշ կը հեծէք,
Մենք լոյս կ՛ըմպենք՝ դուք խաւարը կ՛որոճաք,
Մենք բոցեղէն Հարցական սէգ նըշանն ենք՝
Դուք՝ կաղ ու բութ կախման կէտերը դատարկ...

Տաժանագին գալարո՛ւմն ենք մենք Կամքին
Ու Դնդերին դատաստանն ենք մենք արդար.
Դուք՝ ջիղերու գինովութիւնն ախտավար,
Դիակներու տարրալուծումը լըռին...

Մըտածումի քանդող ժայթքո՛ւմն ենք ուժգին,
Դուք՝ քարացած Յափշտակումը անհեւ.
Արկածալից զառիվե՜րն ենք դժուարին,
Իսկ դուք՝ վարը ճահիճներու տիղմը սեւ...

Յառաջապահ մենք այն գունդն ենք կամաւոր
Որ առաջին բախումին դէմ կը սուրայ,
Վըտանգաւոր ոստումներով ահաւոր,
Ատելութեամբ ու վըրէժով բեռնաւոր...

This poem has appeared in the anthology ԱՍՏԵՂԱՀԵՒ ՄԵՆՈՒԹԻՒՆ, a selection of works by Youri Khachadryan, published in Yerevan, 2008. 

Աստեղահեւ Մենութիւն, Ընտրանի, տպուած Երեւան 2008, Փրինթինֆո




Friday, September 07, 2012

Hrand Nazariantz

Hrand Nazariantz fut un célèbre poète arménien, qui mourut en exil dans notre ville en 1962. Je vais m’employer à dresser le profil de sa biographie.

Il naquit le 8 janvier 1886 à Iskudar, près d’Istanbul, dans une famille aisée, connue dans la production de tapis et dentelles. Dans la capitale turque, il fréquenta le Collège Berbérian, puis il se rendit en 1902 à Londres afin de compléter ses études supérieures et enfin, en 1905, à Paris, où il s’inscrivit à la Sorbonne. Le mauvais état de santé de son père le contraignit cependant à rentrer en 1907 en Turquie, afin d’assumer la direction de l’entreprise familiale. Dans son ardeur au travail, il commença à joindre une intense activité de publiciste et d’écrivain. En 1908 il participa à la fondation et à la direction du quotidien Surhant’ag (Le Courrier) ; en 1909, il lança, en collaboration avec Karekine Gozikian, une des figures majeures du parti social-démocrate arménien, l’hebdomadaire politique et littéraire Nor Hosank [Courant nouveau], et il fonda avec le romancier Roupen Zartarian et le dramaturge Léon Serpossian la revue d’art polémique Baguine [Le Temple]. A partir de 1911, il commença à entretenir des relations épistolaires avec Marinetti, Lucini, Altomare et il s’employa, à travers des essais et des traductions en langue arménienne, à faire connaître leur œuvre poétique, ainsi que celle de Govoni et Cardile, dans le cadre d’un projet plus vaste pour diffuser et faire connaître la littérature italienne. Il publia en 1912 à Istanbul un important essai sur Marinetti et le futurisme. La même année, il édita une série de recueils poétiques qui l’imposèrent comme une figure de proue du symbolisme dans la poésie arménienne (Les Rêves crucifiés ; Les Solitudes étoilées ; Vahakn ; Le Miroir). Suivirent en 1913 Aurore, âme de beauté, Gloria victis [Gloire aux vaincus], La Couronne d’épines et Le grand Chant de la Tragédie cosmique, que l’on peut considérer comme son chef-d’œuvre. Durant ces années, Nazariantz s’employa à obtenir le soutien des intellectuels européens pour la cause arménienne, en trouvant plusieurs en Italie.

Condamné à mort par contumace par un tribunal ottoman en 1913, il trouva refuge au Consulat d’Italie, épousa la danseuse Maddalena De Cosmis, originaire de Casamassima (Bari), puis s’enfuit en exil à Bari. Arrivé dans notre pays, il entretint des liens étroits avec les représentants de la diaspora arménienne, ainsi qu’avec les protagonistes des cultures italienne, française et anglaise, se rendant aussi à l’étranger pour ses recherches. Ses relations amicales avec G.P. Lucini et E. Cardile furent particulièrement denses. En 1915 il collabora à la revue bolognaise Il Ritmo [Le Rythme] et les éditions Laterza publièrent, comme premier volume de leur collection « Connaissance idéale de l’Arménie », son essai sur le poète arménien Bedros Turian.

Après avoir publié aux éditions Humanitas de Piero Delfino Pesce la traduction italienne, par Cardile, de ses Rêves crucifiés (1916), de son recueil Vahakn et de son court poème dialogué, Le Miroir (1920), il vécut une période difficile, perdant, au bout de sept ans, son poste de professeur d’anglais, à cause des lois fascistes qui interdisaient aux étrangers d’enseigner dans les écoles publiques.

Il collabora à la revue La Tempera [Caractère] de Renato Fondi, revue à laquelle il se consacra de manière assidue et durable. Puis, Nazariantz entra en contact avec quelques revues siciliennes d’avant-garde qui recueillirent ses contributions : La Scalata [L’Escalade] (1917), La Vampa Letteraria [La Flamme des lettres] (1917) et La Spirale [La Spirale], où fut publié en 1919 un extrait du poème Le Miroir.

Entre-temps, à Bari, il se lia d’amitié avec Franco Casavola et s’employa à promouvoir son œuvre musicale. Tous deux travaillèrent de concert afin d’organiser , avec l’aide de Giuseppe Laterza, Giacomo Favia, Tina Suglia et d’autres, une soirée futuriste au Théâtre Piccinni, le 26 septembre 1922. Quelques mois ensuite, le 2 janvier 1923, le programme de la soirée futuriste au Théâtre Margherita de Bari inclut l’« action de mime dramatique » intitulée Le Miroir, sur des musiques de Casavola, inspirées du poème de Nazariantz. En 1924, les éditions Alpes de Milan publièrent, dans la traduction de Cesare Giardini, qui figurait aussi en tant qu’éditeur, le recueil Trois Poèmes, qui comprenaient Le Paradis des ombres, Aurore, âme de beauté et Nazyadé, fleur de Saadi.

Il s’employa à soutenir la cause arménienne et c’est à lui que l’on doit la fondation en 1924, à Bari, du village d’exilés Nor Arax, qui se maintiendra grâce à la production de tapis et de dentelles.

Après 1943, il collabora à Radio Libre Bari, organisant des débats littéraires, et fonda la revue Graal, où parurent des œuvres d’Ungaretti et Ada Negri. En 1946 fut publiée la traduction italienne de son Grand Chant de la Tragédie cosmique. En 1951 il fit imprimer son Manifeste du Graal, dans lequel il confiait au primat de l’art absolu la solution du rapport de l’intellectuel avec la société. En 1952 il publia son ultime recueil de poésies lyriques, Le Retour des poètes.

Il connut à nouveau des vicissitudes matérielles, qui l’accompagnèrent jusqu’à sa mort, bien qu’il ait frôlé le Prix Nobel de littérature en 1953 pour son poème Le grand Chant de la Tragédie cosmique. A la fin des années 50, il fut admis dans un hospice à Conversano, vivant entouré de l’affection de l’estime de quelques jeunes amis.

L’écrivain Vito Maurogiovanni, de Bari, lui consacre ces lignes : « Hrand Nazariantz vécut longtemps, toujours pauvre, hôte de ses amis, tantôt dans telle demeure, tantôt dans telle autre, jusque dans des familles de la province de Bari. Un jour, le commissaire aux Douanes, Vittorio Laurora, un mètre quatre-vingt-dix, à la voix de stentor, au grand visage taillé à coups de serpe, un Vaudois profondément engagé en faveur des plus humbles sur cette Terre, lui offrit un manteau. Le poète arménien Hrand Nazariantz, pauvre devant l’Eternel jusqu’à la fin de ses jours, méritait bien cette attention et ses manteaux. A un âge avancé, le poète accepta de devenir citoyen italien. Il y eut une courte cérémonie à la Préfecture. Nazariantz s’adressa ainsi à Son Excellence M. le Préfet d’alors : « Monsieur le Préfet, j’exprime toute ma gratitude à l’Italie pour l’honneur qu’elle m’a fait, mais je suis aussi triste, car, en un jour comme celui-ci, il me faut bien reconnaître – et je le fais très humblement – que je n’ai pas le moindre sou en poche. Je suis certainement le plus pauvre des citoyens italiens. Aussi boirons-nous de l’eau à ma santé ! »

Il mourut à Bari en 1962 dans le plus grand silence et fut enterré dans notre ville. Il avait toutefois laissé à Conversano le peu de choses qu’il possédait : des livres, des manuscrits, sa correspondance. Après quelques années, la Mairie de Bari voulut honorer la mémoire de ce grand homme et de ce poète en donnant son nom à une rue. Lors du 25e anniversaire de sa mort, Pasquale Sorrenti, qui fut son ami intime, publia un essai intitulé Nazariantz (éditions Levante, 1987), témoignage précieux, grâce aux personnes qui le connurent et l’estimaient à Bari, sur la vie et l’œuvre de ce grand Arménien, oublié pourtant. C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai constaté, en consultant les catalogues électroniques, que ni la Bibliothèque nationale Sagarriga Visconti Volpi, ni le réseau des bibliothèques de l’Université de Bari ne possèdent un exemplaire d’une œuvre de Nazariantz.

En conclusion, j’aimerais citer à nouveau un passage significatif et émouvant du même Maurogiovanni : « Un soir, parlant de Nazariantz à la librairie Palomar, nous lûmes un extrait de Pasquale Sorrenti, dans lequel il était noté ceci : « […] En parlant avec l’Arménien Diran Timurian, un des hommes du village qui avait fait carrière, j’ai appris que les restes de Hrand ne furent pas jetés dans la fosse commune, mais qu’ils se trouvent dans une tombe que connaît ce Timurian. Maintenant, Timurian est mort […] » Ce soir-là, dans cette librairie, se trouvait Rupen Timurian, le fils de Diran. Il se leva, les larmes aux yeux, il ne pouvait parler ; il parvint à nous dire que Hrand Nazariantz avait été accueilli au sein de leur caveau familial. »

Hrand Nazariantz, poète cosmique, fut sans aucun doute un homme des frontières, exilé sur cette terre de frontière et d’accueil que sont les Pouilles. Sa recherche poétique se déploie selon des concepts théoriques assez complexes : partant du symbolisme français de type hermétique, rosecrucien et occultiste, il tenta d’opérer une synthèse et une médiation vers des formes particulières d’idéalisme. Il espérait la renaissance, sous la forme d’une palingénésie, de l’homme, alors capable de porter ses regards à l’intérieur, mais aussi hors du réel, jusqu’aux horizons irrationnels de l’utopie.

Le poète sicilien Cardile a écrit à son propos : « Nazariantz est un Homme d’une énergie inépuisable, d’une constance exceptionnelle, d’un enthousiasme prodigieux, fascinant par sa modestie résolue. Son enthousiasme est communicatif, sa passion vous envahit, si vous le connaissez vous ne pouvez que l’aimer, si vous l’aimez vous vous sentez prêt à en partager tous les risques et à vous consacrer à sa Cause. » (la cause de l’Arménie libre). Voici ce qu’écrivait Daniel Varoujan, grand poète arménien, sur son compatriote : « Nazariantz a composé des poèmes dont la splendeur profonde peut se comparer à ceux du poète français Stéphane Mallarmé. Son âme possède une exceptionnelle affinité avec celle du Prince de nos poètes. Une âme toujours tendue vers cette ivresse inconnue et indéfinie qui se laisse à peine entrevoir au travers des aspirations humaines. Ses images sont d’une profondeur suggestive. Nazariantz est un poète de lumière. »

Հրանդ Նազարեանց


Հրանդ Նազարեանցի Մասին Նոր Հատոր Մը Իտալերէնով 


Լոյս տեսաւ վերջերս  F.A.L. Vision  հրատարակչատունէն,  Հրանդ Նազարեանց, Հաւատարիմ Սիրոյ  վերտառութեամբ հայ բանաստեղծ ու գրող Հրանդ Նազարեանցի մասին հատոր մը, գործը՝ իտալացի գրող Փաուլօ Լօփանէի։ Գիրքը լոյս տեսաւ հայ-իտալացի մտաւորականին մահուան 50-րդ տարելիցին առթիւ։ Հայազգի մեծ բանաստեղծ՝ Հրանդ Նազարեանց, ծնած է 1886-ին՝ Սկիւտարի մէջ. իր ուսումը ստացած է Ռեթէոս Պերպերեանի վարժարանը։ 1900-ին ան կը մեկնի Փարիզ եւ ապա՝ Լոնտոն, իր կրթութիւնը շարունակելու նպատակով: Ան լիովին կը տիրապետէր ֆրանսերէն եւ անգլերէն լեզուներուն: 

Նազարեանց Պոլսահայ նոր սերունդի գրականութեան առաջին դէմքն է, որ կը մեկնի Եւրոպա՝ հայրենիք վերադառնալու համար: Պոլիս վերադառնալով՝ Հրանդ կը նուիրուի գրական տենդագին աշխատանքի: Փարիզի եւ Լոնտոնի իր կեանքի տարիները մեծապէս սատարած են իր գրական գործերուն։ Ան ունէր անառարկելի ձիրք, բարձր ճաշակ եւ գրական նախաձեռնութիւն։ Հատորին հեղինակը համալսարանի դասախօս է ու պատմագէտ եւ անդամ Պարիի Հրանդ Նազարեանցի անուան ուսումնասիրական կեդրոնին։ Տարիներէ ի վեր կը զբաղի ու կ՝ուսումնասիրէ կրօնական վարդապետութեան եւ հաւատաքննութեան պատմութիւնը։ Հատորին ներածականը գրած է Փրօֆ Հ. Լեւոն Պօղոս Զէքիան։ 

Hrand Nazariantz: La Légende des Papillons


A Meroujan Barsamian, fraternellement.



Je te confesse, ô passant, comme un songe,

comme un songe de gloire
que pour la joie des vivants
et pour la paix des morts, un soir,
un soir insondable en son extrême tristesse
une éclosion blanche de papillons
obéissant à une sentence antique
mysticisant les cieux par leur chasteté
descendra dans un instant éternel
tendrement, tendrement,
sur la triste histoire de notre terre...


comme un songe de gloire pour les morts et les vivants...



Les papillons

comme un nuage immaculé d'encens
ruisselant, à l'âme multiple et opulente
sur les rouges crépuscules
et les horizons flottant
comme une bénédiction
et chaque papillon aura sous ses ailes
une extase de paix rythmée en oubli radieux
pour notre vielle planète d'où s'élèvera soudain
le très final solo
d'un sanglot voluptueusement humain
de désir, dissolvant,
déchirant,
suprême...


L'harmonie heureuse des papillons

sur le deuil des eaux mortes
et les rives abandonées
étendra le vélum d'un voile virginal
et l'esclavage séculaire de la terre
sera délivré des sphères tyranniques
et de l'horizon inutile
quand descendront en faisceaux lumineux,
les papillons, les papillons,


comme un songe de gloire pour les morts et les vivants...



Ce sera un soir lunaire

une éclosion blanche de papillons
ensoleillant l'Inespoir universel
par leur candeur
couvrant les Maux, les Horreurs et les Hideurs,
dans une suave magie aurorale,
blanche, très blanche,
plus pur que la neige,
plus pur que l'âme angélique,
la blanche pluie des papillons
pour la joie des vivants et pour la paix des morts
sur tous les chemins de l'Orient
à l'âme ulcérée,
la blanche pluie des papillons --
poème d'innocence, --
descendra des lointains purs et idylliques
d'une grande illusion des yeux,
des yeux qui trop révèrent l'Amour,
des yeux qui trop révèrent la Pureté,
des yeux qui trop aimèrent le Rêve
et l'Astre de la Folie ...


Et dans la révélation aurorale des papillons

il sera du silence pur d'un divin éblouissement
effleuré des ailes,
des ailes mystérieuses,
et la vieille Humanité dans cette candide Noël
aura l'impossible illusion de renaître
en une Ile Heureuse voguant dans l'immense
océan éternel de l'Infini
aux souffles mélodiques d'une exquise indolence
et tout sera blanc, combien blanc
sous la neige des papillons ...


Et par un soir semblable,

un soir d'amour, un soir séraphique,
comme un songe de gloire
partiront
les Pèlerins d'Orient
chargés de délices d'un Rêve élyséen,
les Ombrageux vêtus d'espoir,
les Découragés vêtus de lumière,
les Amers chargés de miel et de grenats,
les Pèlerins d'Orient escortés de Muses et de papillons,
traversant les pays éphémères de Sommeil et de Mort,
et les peuples vains
pour combler un voeu de merveille
devinant les chemins fleuris de sauge et de thym,
les grands chemins qui n'ont pas de mystères
quand on sait écouter
la voix infaillible des grands destins...


Et une nuit de passion -- 

minuit --
fiévreux, ils entreront dans les Villes sacrées
où chaque asile offre son idéale idylle,
dans les Villes Blanches
aux vaporeux contours,
souriant dans les ombres brodées d'étoiles,
à la joie des Morts,
sous la neige
blanche,
blanche
des papillons, des papillons,


comme un songe de gloire...


Hrand Nazariantz
(1886-1962)


This poem appeared in the 1927 edition of Poésie, Cahiers Mensuels Illustrés, Tome V, published in Paris.



The Legend of the Butterflies
To Merouzhan Barsamian, fraternally
 
I confess to you -- O traveler -- like a dream,
 
like a dream of glory,
that for the bliss of the living
and the peace of the dead, one evening,
an unfathomable evening, in its extreme sadness,
an outbreak of white butterflies,
obeying an ancient decree,
mystifying the heavens by their chastity,
shall descend in an instant of eternity,
tenderly, tenderly,
on our earth’s sad story…
 
like a dream of glory for the quick and the dead...
 
The butterflies,
 
like an immaculate cloud of shimmering incense
with a manifold and opulent essence,
cover the crimson twilights
and the floating horizons
like a benediction…
and each butterfly shall have under its wings an ecstasy of peace
in synch with a glaring absence of recall of our ancient planet
whence, out of the blue, shall rise
the ultimate solo
of a voluptuously human sob
of desire – dissolving,
rending,
supreme...
 
The merry harmony of butterflies,
 
on the wake of defunct waters
and abandoned banks,
shall spread the canopy of a virginal veil
and the secular slavery of the earth
shall be delivered from the tyrannical spheres
and the hopeless horizons
when in luminous swarms descend
the butterflies, the butterflies,
 
like a dream of glory for the quick and the dead…
 
It shall be a lunar evening,
 
A white dawn of butterflies
spreading sunlight by their candor
on the universal lack of hope,
covering all Pain, all Horrors and Hideousness,
in a suave, sunrise magic,
white, very white,
purer than snow,
purer than the angelic soul,
the white rain of butterflies,
 
for the joy of the living and the peace of the dead,
 
on all the ulcerated pathways
of the Oriental soul,
the white rain of the butterflies --
poem of innocence --
shall descend pure and idyllic vistas
of a great ocular illusion
of eyes that dreamed too much of Love,
eyes that dreamed too much of Purity,
eyes that loved too well the Dream
and the Star of Folly…
 
And in the daybreak revelation of the butterflies
 
will prevail pure silence of a divine brilliance
stroked by wings,
mysterious wings,
and in this candid Yuletide, old Humanity
shall have the impossible illusion of rebirth
on a Happy Island, sailing on the immense,
eternal ocean of Infinity
by the melodic breath of an  exquisite indolence,
and all shall be white, so white,
beneath the snow of butterflies…
 
And on a similar evening,
 
an evening of love, a Seraphic evening,
like a dream of glory
shall depart
the Pilgrims of the Orient
loaded with the delights of an Elysian Dream,
the Offended dressed in hope,
the Discouraged dressed in light,
the Bitter loaded with honey and pomegranate,
the Pilgrims of the Orient,  escorted by Muses
and butterflies,
cross the ephemeral lands of Sleep and Death,
and vain people
to fulfill a wish of marvel
guessing roads overgrown with sage and thyme,
the wide roads that hold no mystery
when one knows how to hearken
the infallible voice of great destinies…
 
And a night of passion -- 
 
midnight --
feverish, they shall enter the sacred Cities
where each haven offers its own ideal romance,
in the White Cities
with their misty contours,
smiling in star-spangled shadows,
to the delight of the Dead,
under the snow
white,
white
of butterflies, butterflies,
 
like a dream of glory…


                                                                 ……………………Hrand Nazariantz (1886-1962)
                                                                  Translated by Tatul Sonentz



Thursday, September 06, 2012

Herminée Howyan: Les Fleurs et les Parfums

Les fleurs et les parfums ont le pouvoir magique
D'évoquer doucement les heures du passé;
Qui saurait résister à l'appel nostalgique

Qu'ils jettent tout à coup au coeur le plus lassé?

Les fleurs et les parfums ont la force muette
De ranimer en nous les sentiments éteins;
Dans l'âme qui soudain faiblit et s'inquiète,
Ils savent remuer tant de rêves lointains!

Les fleurs et les parfums ont la gloire suprême
De lutter pour l'amour contre le sombre oubli;
Ce sont les ouvriers du souvenir, et même
On retrouve par eux un espoir aboli.



This poem appeared in the 1927 edition of Poésie, Cahiers Mensuels Illustrés, Tome V, published in Paris.

Herminée Howyan is the author of Images d'Orient : poèmes published in 1923 in French.

Wednesday, September 05, 2012

Michael E. Stone: A Valley Near Sevan


Broad green concave valley,
a water course marked by trees
green wigwams for travellers
way bounded by mountains,
snow in pleats down crevices.

Flowering trees by the road,
poplars half-dressed
in early green.

A mountain peaked like a nipple,
snow in dimples in the hills.
The car climbed on up.

Armenia May 2011


Tuesday, September 04, 2012

Պարույր Սեվակ։ ԿԱՐԾՈԻՄ ԵՄ

Ես կարծում եմ. երբ խոր վերքից
Մարդ ժպտում է համառությամբ,
Այդ ժպիտը վերջ ի վերջո
Փոխարկվում է ծամածռության...

Ես կարծում եմ, երբ որ ջուրը
Վարարում է, ելնում ափից,
Թույլտրվություն չի վերցնում
Իրեն հսկող նեղ քարափից ...

Ես կարծում եմ. պաղն ավելի
Լավ ես զգում ամռան շոգին,
Դողն ավելի լավ ես զգում
Ձմռան բքին...

Հողն ավելի լավ ես զգում
Այն ժամանակ,
Երբ նա հանկարծ տատանվում Է
Քո ոտքի տակ...


I T H I N K

I think, when one insists on smiling,
While in pain with a deep wound,
Such a smile – try as one would –
Turns into a sneer …

I think, when the water
crests upwards, surging over its banks,
It just snubs the restrictions
Set by the wharf’s restraints…

I think, one is more aware of the cold
In the scorching heat of summer
And feels the shivers a lot more
Facing the winds of winter…

I think, one is more aware of firm land
Whenever – out of nowhere --
The earth wobbles, quakes and
Shakes beneath one’s feet…


............................ Paruyr Sevak

Translated by Tatul Sonentz

Monday, September 03, 2012

George Kirazian Jr: To a Young Wife

Strict and dumb we are,
Like scholars on stools
Until you lift us from the pages,
And our dirge fancy,
Rhythmed by your eyes
Begins its shrill weave.

You enjoy our druidry;
And while the day slowly blends
Each of us leads you somewhere
Beyond the machine's monody --
Until with forced smile
You turn off the afternoon

To twist away through thickening streets
Toward quiet evening
And the soft hour when he
Gathers your choraling limbs into calm.



This poem has appeared in Ararat, Volum II, No 2, Spring 1961

Sunday, September 02, 2012

George Kirazian Jr: Beethoven's Death Bed

His whispers limp into the air
And mute the insect sounds of friends.
The cane-like limbs strain
As he turns to his piano,
Folded and preposterous in the silent corner.

Only a glowing now
From all that force,
But deep within the obedient body
A final curse at the lightning's claw.


This poem has appeared in Ararat, Volum II, No 2, Spring 1961

Saturday, September 01, 2012

George Kirazian, Jr: Das Weinende Kind

For those few moments she was a woman.

Often I had seen her
Spinning in the sun
To her own music,
And prayed that no smudged playmate
Would take away that birthday laughter.

Yet her forehead rested on the stair,
And a world of ribbons and fresh mornings 
was hidden.

This poem has appeared in Ararat, Volum II, No 2, Spring 1961