Leah Ryan: Grandpa's Rugs
For Vahinak Avakian (1906-1986)
Grandpa took the train every day
from Jersey to Manhattan
Looking just like all the other businessmen
but older, he swayed on the train
holding his newspaper and his briefcase on his lap.
He and his brothers and cousins
were in the business of rugs. Importing, buying, selling.
When I visited, he would give me a tour, bending down
to touch the wool, discussing the different varieties.
Well into his seventies, he bent with some stiffness, his feet slightly splayed
but steady on the wood floor.
Today, packing to move for the tenth time in eight years,
I piled the small, beautiful rugs that I own
on the floor of my dismantled livingroom. I vacuumed each carefully,
I bent down and rolled them together,
and I sealed the bundle with clear packing tape.
I know that he would wrap them in brown paper.
I find myself promising to keep them clean.
I'm alone in the house.
I think I smell his aftershave as I'm bending down.
Copyright Leah Ryan. This poem has appeared in Ararat, Autumn 1995.
Les tapis de grand-père
par Leah Ryan
pour Vahinak Avakian (1906-1986)
Chaque jour grand-père prenait le train
de Jersey à Manhattan.
Il ressemblait à tous les autres hommes d’affaires
mais plus âgé. Il se courbait
en tenant son journal et sa serviette sur les genoux.
Lui, ses frères et ses cousins
Travaillaient dans la tapisserie. Ils importaient, achetaient,
vendaient.
Quand je lui rendais visite, il me faisait faire un tour, se penchant
Pour toucher la laine et discuter des différentes qualités.
Bien après avoir dépassé soixante-dix ans, il se courbait avec
difficulté, les pieds écartés
Mais équilibré sur le plancher en bois.
Aujourd’hui, en emballant mes affaires pour la dixième fois en huit ans,
J’empile les petits tapis, sublimes, qui m’appartiennent
Sur le parquet de mon salon démonté. Je passe l’aspirateur prudemment
sur chacun.
Je me penche pour les rouler ensemble,
Et je les attache avec du scotch transparent.
Je sais que lui, il les aurait emballés dans du papier brun.
Et je me promets de les garder propres.
Je suis seule dans la maison.
En me baissant, j’ai l’impression de sentir son parfum.
[Copyright Leah Ryan. Ce poème apparut pour la première fois dans
Ararat, Automne 1995.]
(traduit par Christophe Atamian)
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