Vahé Godel: Les arbres
les arbres
les bras les grands arbres
les loups l’étoupe des bras
les arbres les grands arbres couchés
l’étoupe des bras coupés les loups les rats
les grands arbres couchés sur l’esplanade
le trouble des rats dans la chaleur des loups
les grands arbres couchés de tout leur long
les outres sans coutures dans l’espace des branches
les bras coupés les loups les grands arbres de plomb
couchés de tout leur long dans l’étoupe des rats
les arbres la douceur des arbres accouplés
les loups le plomb la chaleur l’esplanade
l’étoupe des grands arbres le long des routes
le sang dans les doublures la boue le sang
des loups la proue de l’esplanade là-bas
les bras cloués dans l’ombre des grands arbres
le plomb coulé dans la bouche des lampes
dans la boue dans l’étoupe dans la trouée du temps
les grands loups attroupés debout sur l’esplanade
dans la rousseur des arbres abattus
sans nombre les grands arbres
tous les arbres les bras
les outres toutes blanches
les rats les loups les clous
les arbres
(Le sang du voyageur, L’Âge d’Homme, Lausanne, 2005)