Armen Lubin: MINUIT
Le vent bouscule les plus gros déménageurs
Dont les meubles sortent en tumulte de la forêt.
A l'hôpital le silence s'étale plus qu'ailleurs
Quand l'homme se démeuble au dernier degré.
L'arrière-pays n'est plus pour l'homme,
Pour l'homme étalé. Il est la bête de surface
Descendu de ses hauteurs, remonté des profondeurs,
A l'hôpital il y a un mur plus qu'ailleurs.
Plus rien ne passe sinon l'attentat ultime
Qui colle les paupières pour qu'elles se suppriment,
Sinon la glace qui pose une bonne couche
Au-dessus du mal pour en cautériser la bouche.
Moi, je ne dis mot, pour garder l'espoir d'un accord.
Nous serions disposés à abandonner le corps
S'il n'était déjà si solitaire dans le drame,
Il fait toujours minuit lorsqu'on parle de l'âme.
Armen Lubin (SHAHAN SHAHNOUR/Chahan Chahnour 1903-1974)
Sainte patience [Extrait],
nrf, Poésie/Gallimard, préface de Jacques Réda, 2005, p. 127.
No comments:
Post a Comment